Départ pour Paris, samedi 8 septembre.... Un peu dans les choux par le manque de sommeil à la suite d'une soirée super méga trop géniale passée la veille dans un restaurant chinois avec mes trois amours.

J'accorde toujours beaucoup d'importance aux petits signes que je vois autour de moi et là, déjà à la gare, j'aurais dû me douter que le monde était fou !!

Mon train avait 50 mn de retard (merci au passage SNCF). Je me suis assise sur un banc et j'ai commencé à regarder autour de moi.... Une vieille femme manifestement vietnamienne a qui l'on aurait pu donner 80 ans, marchait à tous petits pas sur le quai. Elle avait un billet de 10 euros à la main et cherchait désespérément de la monnaie. Mais personne n'allait s'embarrasser à aider cette brave femme dans sa petite quête. J'ai donc essayé de trouver assez de pièces pour pouvoir l'aider. Quand je lui ai glissé ma monnaie dans la main elle me semblait tellement perdue...

Je suis repartie sur mon banc, dans mes réflexions face à ce monde rempli d'indifférence, lorsque la vieille femme refit son apparition. Elle poussait avec difficulté un caddy dans lequel elle avait mis un sac de voyage. Elle se dirigea vers un groupe de deux contrôleurs et deux policiers ferroviaires pour leur demander si l'un d'eux pouvait l'aider à porter son bagage jusqu'à l'autre quai où son train arrivait.

Et là, comble de l'horreur, l'un des policiers lui répondit en montrant son front : « eh oh, c'est pas marqué bagagiste ici » ... et l'un des contrôleurs de rajouter : «vous n'allez quand même pas nous laisser ce caddy sur le quai ? ». Quelle belle France.. Comme j'ai honte parfois de vivre au milieu de ces abrutis .... Bien sur, j'ai une sensibilité exacerbée mais là vraiment c'était à vomir. La veille femme entendant son train arriver se débrouillait tant bien que mal pour essayer de soulever son sac du caddy. Une jeune femme assise non loin de moi et qui avait assisté à la scène vint à son aide. Elle prit le sac et accompagna la vieille femme qui marchait toujours à tout petits pas et qui passa tête baissée devant le groupe de cons (désolée, chers lecteurs, pas très littéraire comme formule mais je n'ai rien trouvé d'autre...).

Enfin mon train arriva. Départ en retard, mais rien de particulier ne m'attendait à Paris. J'avais juste besoin de prendre l'air et me changer les idées : (une idée dingue : aller prendre l'air à Paris !! Mais enfin, les idées dingues font du bien parfois et permettent d‘admirables rencontres. Je ne le savais pas encore mais j‘allais en avoir l‘exemple...).

A la descente du train, une vraie fourmilière (sauf qu'une fourmilière sent moins mauvais !!). Je pense que sans y avoir réfléchi j'avais choisi la meilleure période pour me vider la tête : en pleine rentrée scolaire avec la coupe de rugby à l'appui !! Quand je suis arrivée à l'hôtel Ibis, j'avais du mal à me croire en France !! C'est merveilleux ce mélange de culture (mais le mélange d'odeurs c'est affreux !!). L'après midi et les jours qui suivirent je me suis pris des bains de foule... (je crois que j'en ai pris pour dix ans !!). Et toujours ce mélange de culture (et d'odeurs) dans un métro étouffant... Seul petit moment de plaisir : passage chez Esthética où je me suis fait chouchoutée pendant une petite heure mais vraiment Paris m'a semblé en totale effervescence. Les personnes sont tristes, aigries et si on a le malheur d'envoyer un sourire, on nous regarde de la tête aux pieds comme une petite allumeuse.

C'est lors du dernier jour de mon passage à Paris que je conserverai mon meilleur souvenir. J'avais décidé de me rendre à Montparnasse pour faire quelques derniers achats. Un vieux monsieur vint s'asseoir devant moi alors que le métro démarrait juste. Il commença à me parler... en Portugais !! J'avais vraiment du mal à comprendre mais heureusement, il joignait le geste à la parole. Il voulait juste savoir si le métro s'arrêterait à Denfer-Rochereau. Puis il alpagua une jeune femme africaine qui était assise à coté de moi. Il lui montrait avec insistance son poignet. Sur le coup, elle crut qu'il lui demandait l'heure. Un peu perdue, elle me demanda mon avis, mais je lui avouais que là, je séchais !! L'homme n'arrêtait pas d'insister et tout d'un coup elle comprit ! Elle portait à son poignet un chapelet !! Elle lui montra le chapelet et l'homme lui expliqua qu'il avait lui aussi un chapelet de Fatima dans sa poche !! L'homme arriva à sa station et descendit après nous avoir saluées. La jeune femme me demanda alors si j'étais croyante, si je priais souvent, si j'étais « charismatique »... Elle avait une telle lueur dans ses yeux en exprimant sa foi... Elle m'expliqua qu'elle était chanteuse de gospel, qu'elle communiait tous les jours. Elle était si apaisante au milieu de ce monde « fermé ». Elle me demanda mon téléphone et inscrivit son numéro. C'est ainsi que je fis la connaissance de Véronique !! Nous sommes descendues à la même station et dans un grand élan d'amour elle me serra tout contre elle en me disant : « Que Dieu te bénisse, ma sœur ; Ce soir, je prierai pour toi ». Nos routes se sont séparées là mais j'étais comme sur un petit nuage. Ce monde que j'avais trouvé fou depuis le samedi matin me semblait tout d'un coup différent. J'avais un regard tout autre sur toutes ces personnes qui couraient autour de moi. Je me sentais juste apaisée... Juste bien...

Le lendemain, j'envoyais un sms à Véronique et je l'appelais juste avant de partir de Paris et ce matin elle m'envoya un petit mot : « Bonne fête de la croix glorieuse . J'espère que tu es bien arrivée. Dis bonjour à tes enfants. Bisous à bientôt. ».... Faut-il aller à Paris et faire des rencontres étonnantes pour connaître ce qu'est la fête de la croix glorieuse... Ce fut mon cas !!

Et ce soir, je ne veux conserver de mon séjour parisien que le souvenir de la rencontre avec Véronique qui m'a permis de retrouver un regard un peu plus lumineux sur ce monde de fous....