• Douce Johanna,

    J'ai besoin ce soir de vous écrire ces mots que vous ne lirez jamais.

    Besoin de mettre en mot toute l'émotion que vous avez soulevée chez moi, hier soir, lorsque je suis venue vous rendre visite.

    Masquer pour moi mes ressentis est une chose terrible mais je me devais d'être une « grande fille » devant vous. Je ne devais vous offrir que du soleil dans mes yeux, que de l'amour dans mon sourire et beaucoup, beaucoup de tendresse dans mes gestes.

    Je me souviens de notre première rencontre, il y a trois ans environ. Depuis les rencontres se sont succédées. La confiance s'est installée tout doucement ; puis cette tendresse que j'essayais de vous communiquer et que m'avez rendue au centuple au fils des mois...

    J'aurais tout donné et je continuerai à donner beaucoup pour chasser ces vilains démons qui vous font tant souffrir. J'y mets tellement de cœur que je crois que j'y arrive un peu et l'apaisement que je lis dans vos yeux est le plus beau des cadeaux.

    La vie est dure, Johanna... Je ne le sais que trop. La mort est venue sur la pointe des pieds vous enlever celui qui partageait votre vie depuis si longtemps. Mais même la mort fut attendrie par votre amour. Elle l'emporta tout doucement, avec une infinie douceur, une nuit de juillet dernier...

    Mais cette année, je savais que la solitude serait trop présente le jour de votre anniversaire. Vous me parlez si souvent de lui... Il est toujours là, pourtant dans ce fauteuil si vide...

    Johanna, je vous sens si fragile. Tellement désireuse de le rejoindre, qu'à mon tour j'ai peur de devoir vous dire au revoir un jour prochain.

    Hier, lorsque je vous ai prévenue de ma visite, j'appréhendais un peu nos réactions communes. Je viens d'un monde où l'on m'a appris à taire ses émotions les plus heureuses comme les plus douloureuses. A la différence de ce monde qui tait et enterre si profondément ce que l'on nomme « ressentis », moi, si je connais le silence imposé,   j'ai besoin de l'exprimer.

    Faire battre mon cœur et le laisser crier au travers des mots ; Ecrire l'amour, les joies, les peines que j'ai cachés tout au fond de moi...

    Quand je suis arrivée, j'étais avant tout très fière de vous présenter mon fils que vous ne connaissiez pas. Quel bonheur de vous ouvrir un peu la porte de mon monde.

    Mais quand vous avez vu la plante que j'avais choisie pour vous, je vous ai vite pris tout contre moi pour calmer vos gros sanglots.

    J'avais prévenu Jonathan de l'affection que je vous portais. Je lui avais dit combien vous étiez attachante. J'ai lu dans son regard beaucoup d'attendrissement.

    Vous n'arrêtiez pas de vous confondre en excuses, comme si ces larmes étaient des fautes, alors que je vous expliquai que vos pleurs n'étaient qu'un joli message et qu'ils avaient, eux aussi, le droit de se montrer... Vous pleuriez comme une petite fille alors que mes mains caressaient votre dos pour vous apaiser.

    Voyez vous, Johanna, il n'y a aucun mot pour exprimer tout ce que nous nous sommes dit durant ces quelques minutes. C'était juste : un bonheur partagé...

    Et puis, vous vous êtes ressaisie et vous m'avez demandé de vous suivre. Vous avez pris une paire de ciseau et vous m'avez emmenée au fond de votre joli jardin.

    Vous vous êtes arrêtée devant un superbe citronnier et là, de vos mains tremblantes, vous avez cueilli deux citrons que vous m'avez tendus.

    « Mon mari m'a offert ce citronnier pour nos 61 ans de mariage ; je n'ai jamais voulu cueillir de citrons. Aujourd'hui, cela me fait plaisir de vous offrir les deux premiers »

    J'étais fière de voir que mon fils comprenait la symbolique de votre geste. J'étais heureuse de lui offrir ce moment.

    Je vous ai juste répondu : « un de votre part... un de sa part .. »

    A nouveau, petite Johanna, je vous envoie un gros bisou virtuel entouré d'un joli ruban d'amour. Très bon anniversaire...

    SARAH

     

     


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  • Juste un moment de mélancolie devant cette petite fille ....


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  • Il m'arrive parfois de croire les mots si pauvres, si déformants ou si insuffisants que je doute d'eux.

    Il m'arrive aussi de perdre l'enthousiasme, et même de désespérer d'être un jour réellement entendu.

    Il m'arrive bien sûr de refuser, de rejeter et parfois de juger l'inacceptable qui me semble venir de l'autre, quand ce sont mon intolérance, ma détresse, ma vulnérabilité qui se cachent derrière.

    Alors, je rêve à des mots silencieux, à des rires secrets, à des sourires et à des gestes invisibles.

    J'imagine une langue musicale, immédiate, pour créer le miracle d'une mise en commun, d'un partage inouï .

    J'aspire à l'Harmonie, à l'accord, au miracle d'un dire absolu où il serait préférable d'entendre enfin l'essentiel de chacun en sauvegardant son mystère.

    Non pour tout accepter, mais pour oser tout recevoir sans réticences et sans limites.

    Quand je sais la rencontre comme un ciel étoilé, je n'ai d'autres prétentions à offrir que ce souffle de vie qui m'habite et me revient sans frontière.

    Il y a aussi en moi des vigilances sereines apprises dans les solitudes pleines de ma vie.

    Quand j'accepte cela, la paix resplendit.

    Jacques SALOME 

     


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  •  

    Je t'en ai fait des confidences.... Il n'y a que toi qui pouvait m'entendre, il n'y a que toi qui pouvait me comprendre.

    Tes vagues venaient doucement essuyer mes larmes et repartaient en déposant tant de scintillements d'espoir dans mon cœur.

    Je t'ai confié mes maux d'enfant ; Je crois que personne d'autre que toi ne pouvait les entendre

    et c'est ton silence qui m'apaisait et me donnait la force d'essayer d'oublier....

    Aujourd'hui, c'est à mon tour de tenir la main à certains,

    de transmettre tout ce que tu m'as appris mais savoir écouter ouvre parfois des plaies...

    J'ai besoin de te retrouver. De m'asseoir seule à tes côtés et me nourrir encore et encore de ta force...

    SARAH


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  • Ces mots que l'on n'a pas su dire un jour.... Ces maux que l'on n'a pas su exprimer un soir

    Ce silence qui n'a fait que meurtrir un coeur qui souffrait....

    Et puis cette absence si pesante..

    Je suis heureuse de te voir sourire à nouveau, ma petite Reine....

     

     

    "Je ne sais pas si vous avez remarqué : ce qui sépare les gens, ce sont les mots. Même les p'tits mots de rien du tout, ça peut produire les pires maux.

    Il y a des mots blessants, et puis aussi des mots qui tuent.

    L'Amour peut commencer sur un signe et finir par un mot.... un mot de trop....

    Peut-être bien qu'on habille la réalité avec des mots parce qu'on a peur de la voir toute nue. Peut-être bien aussi qu'il vaudrait mieux se taire plus souvent. Apprendre à contempler. Rien dire. Rester dans le silence. Mais pas n'importe quel silence, hein !

    Il y a toute une gamme de silences : des graves, des aigus, des intenses.

    Il y a le silence qui cache l'absence et le vide ;

    il y a le silence parce qu'on n'ose pas ;

    il y a le silence parce qu'on ne veut rien dire, ou qu'on s'en fiche ;

    il y a le silence parce qu'on ferme les yeux et qu'on ne veut pas s'occuper de ce qui nous regarde pas....

    Tout ça, c'est pas des beaux silences.

    Moi, je n'aime que les silences à étoiles, des silences à deux, avec des signes et des messages et des sculptures de connivence, un silence moelleux et rond comme de la tendresse, et grisant comme de l'amour. Un silence dense, la danse d'un silence.... "

    Jade et les sacrés mystères de la vie .... F. GARAGNON

     

     


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